Ce matin, j'ai été réveillé par la gardienne qui glissait sous ma porte le courrier de samedi. Je suis allé le récupérer encore un peu endormi. L'une des trois enveloppes n'avait pas réussi à passer sous la porte. J'ai tout de suite reconnu le format d'un CD. J'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'un nouveau cadeau de Jules qui, adorablement, m'envoie de temps à autre un enregistrement original. Je me trompais.

Jules est ce qu'on appelle un type extraordinaire. Grand, beau et plein de talent, il est un avocat reconnu dans sa profession. Il est très technophile et il a même un blog où il se fait appeler Eolas, comme si personne ne le connaissait, j'te jure. Mais là où cela se gâte, c'est sur ses goûts musicaux. C'est pour ça que j'ai toujours une certaine appréhension lorsque je reçois ce genre d'enveloppe carrée. Le genre de musique d'Eolas, c'est plutôt la rencontre inattendue entre le country américain et les tyroliennes bavaroises. Un peu rapeux sur la rythmique et carrément insoutenable sur le vocal. Enfin bon voyons voir ce CD.

La surprise est à la hauteur de la réputation du personnage. Il ne s'agit pas du tout d'un CD de musique (Dieu merci) mais d'un CD-Rom accompagné d'une note. Et cette note ne me fait pas sauter de joie. Eolas y explique en deux mots que si j'ai reçu ce CD, c'est que quelque chose lui est arrivé, et que je suis la seule personne en qui il ait confiance.

Mes mains tremblent lorsque je glisse le CD dans mon Mac. Il me faut du temps pour arriver à regarder le contenu du disque, car je pense à ce qui a pu lui arriver. Un frisson me parcourt l'échine lorsque je vois le nom des premiers fichiers. Dans quel pétrin Jules s'était-il fourré ? Qui lui en voulait au point qu'il se sente menacé ?

Le CD, qui portait comme titre un laconique "DADVSI Code", devait contenir les réponses à ces questions. Il était question d'un projet de loi du gouvernement Français à propos des droits d'auteur et du danger de la disparition des logiciels libres. Jules avait commencé par s'intéresser à ce projet de loi à cause de son caractère d'urgence, mais le connaissant (et j'avais raison), il avait été plus loin dans l'enquête : le CD contenait des enregistrements audio, des relevés de comptes, des copies de factures, la listes des salariés des majors et des députés impliqués. Tous ces documents étaient explosifs et prouvaient les pressions mercantiles sur le projet de loi et son débat.

Au fur et à mesure que je prenais conscience de ce que je tiens dans les mains, mes pensées reviennent inexorablement à Jules. Son sens de la justice et de la vérité lui avaient été fatals cette fois. Et moi, si je ne publiais pas rapidement ces informations, je devinais que mon sort ne serait pas plus enviable.

C'etait décidé. Pour Jules, je publierais ces informations. Alors que j'empoigne mon carnet d'adresse pour contacter les principaus médias, quelqu'un frappe à ma porte. J'espère que ce n'est pas ma concierge : c'est que je n'ai pas encore préparé ses étrennes !

Les personnages et les situations de ce billet sont purement fictifs. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite.


Ce billet se rapporte au jeu du sablier organisé par Kozlika. C'est un peu du délire, y'a p'tét même des fautes d'ortographes et ca a été fait sur un coin de table. Petit coucou à Eolas.